FILMS
J’ai réalisé de nombreux films depuis 1992. Films personnels et films de commande. Je suis en plein montage du nouveau. En voici quelques uns que j’aime particulièrement.
THIS IS THE MODERN WORLD
La prédiction décrite par Georges Orwell dans « 1984 » n’est pas vraiment arrivé. Nous vivons un monde différent et infiniment plus complexe.
« This is the modern world » est une vision de notre modernité. Mon film est fait d’images de mouvements, de trafics et de déplacements humains, accélérées et ralenties. Pour offrir un point de vue différent, un recul, sur le temps. Le spectateur est immergé dans les séquences du film tout en gardant une distance.
A quelle distance perçoit-on toute chose ou événement lorsqu’on les vit ? C’est mon point de départ. Puis plonger dans le côté hypnotique du cinéma sans jamais s’identifier. Car le cinéma commercial ainsi que la télévision ou les séries
sont basés sur l’identification du spectateur aux protagonistes de l’oeuvre. J’ai promené ma caméra de Paris à Benidorm en Espagne, en passant par Barcelone. Le film est focalisé sur des ensembles urbains marquants et des espaces de circulation denses. J’ai travaillé une juxtaposition de temporalités visuelles et sonores différentes.
J’ai souhaité faire un film qui ne puisse être que du cinéma, sans linéarité de récit, sur les questions du déplacement et du temps. Filmer presque entièrement en time-lapses était pour moi une manière de me retrouver seul avec une caméra 35mm et de capturer des « morceaux de temps » à différentes vitesses et différents écoulements.
Une chose aussi banale que le trafic automobile ou le déplacement de quidams dans le métro prennent une dimension très différente filmés à la vitesse d’une image par seconde. On entre donc dans une perception nouvelle. Voir des événements en accéléré ou au ralenti nous donne une distance tout en nous plongeant dans le plan filmé.
De nombreux films en time-lapses existent déjà. Les exemples les plus marquants sont certainement la trilogie des « Qatsis » de Godfrey Reggio ainsi que « Baraka » et « Samsara » de Ron Fricke. Mais ce sont des documentaires, avec un message sur l’environnement et les méfaits de la mécanisation de nos sociétés. Il sont la plupart du temps filmés de points de vue très spectaculaires (hauteur notamment). Ma démarche est différente : il s’agit de filmer à hauteur d’homme, d’être immergé dans la temporalité. Dans chaque séquence on est happé par les plans et en même temps quelque chose nous fait en sortir. C’est la dialectique que j’installe : changer constamment de distance. Mais j’ai bien évidement un point de vue sur ce que je filme. Je trouve ces scènes aberrantes et elles décrivent très bien selon moi une certaine vision de notre monde : l’accélération et la frénésie à la quelle nous participons également.
35mm couleur – 16 minutes – 2024
Format de projection : PRORES HD ou DCP
FiLMER L’INVISIBLE
Une plongée dans le mondes des elfes, ondines et licornes présents dans les Vosges du nord en Alsace. Profitant d’une carte blanche/résidence avec le Parc Régional des Vosges du Nord, j’ai voulu approcher l’invisible et les êtres élémentaires de la forêt, le Petit Peuple. Je ne voulais pas de féérie enfantine, mais rencontrer et faire parler ceux qui « voient » au délà des sens. Bien entendu en filigrane, c’est le rapport à la nature qui est questionné, sous l’angle du merveilleux. Il s’agit d’un documentaire poétique à la recherche du Petit Peuple. Qu’on croit à son existence ou non importe peu, le film interroge notre place dans une nature que nous connaissons mal ou peu et comment s’y connecter différement.
Avec la preneuse de son Djamilia TAULELLE, nous avons travaillé avec un dispositif très simple : une caméra film et une perche. Le son synchrone nous est apparu comme évident. Il inscrit le film dans une tradition du cinéma documentaire des années 70 (Kramer, Van der Keuken). La petite caméra Aaton A-minima a été l’outil parfait pour ces longues marches dans la forêt.
Le travail sur l’univers sonore a reposé sur un axiome : le mélange subtil des sons de la nature avec des nappes musicales assez discrètes. On met parfois un certain temps avant de comprendre que la musique est présente.
L’utilisation systèmatique des plans noirs au montage prolonge cet univers sonore, comme un bateau lancé avec son inertie. On coupe le moteur mais celui-ci continue d’avancer. C’est aussi et surtout la place du spectateur qui en découle : trouver la bonne distance, sans spéctaculaire mais simplement stimuler l’imagination.
Super16 couleur – 35 minutes – 2017
Format de projection : PRORES HD ou DCP
FILM BALADE
Après des années passées à remonter des machines et de s’occuper d’un labo de cinéma, enfin un retour au cinéma. Des images accumulées pendant 4 ans autour du travail d’Alexandra GERBER, ma compagne. Nos balades en forêt, des Vosges au Cévennes, en passant par l’Aveyron ou la Bretagne. Un film à la fois improvisé et structuré, autour des territoires visités. Un type de pellicule et une lumière pour chaque endroit. C’est stricto-sensu un documentaire. Mais pas conventionnel. Essentiellement filmé avec une caméra mécanique, sans son synchrone, ce film a été l’occasion de créer entièrement un univers sonore spécifique. Ce fût magique de découvrir à quel point telle image se mariait avec tel son, sans recherche d’effet. Le fait d’avoir de la distance avec avec le tournage aide définitivement à recréer le film, de voir de nouvelles choses dans les images.
16mm couleur et noir & blanc – 38 minutes – 2015 (copie 16mm sonore disponible)